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La bibliothèque de 1708 à 1791
 

La fondation de la bibliothèque voulue et préparée par Riparfons voit le jour quatre ans après sa mort : après avoir vainement cherché à installer le legs de leur confrère au cœur du Palais de Justice ou du moins dans ses abords immédiats, les avocats louent une galerie située dans les bâtiments de l’archevêché, entre la cathédrale Notre-Dame et la Seine, à l’emplacement de l’actuel square Jean XXIII. Comme le rappelle une ancienne invitation imprimée à l’époque (reproduction), l’inauguration a lieu le 5 mai 1708, en présence de nombreux avocats et magistrats du Parlement de Paris, à la suite d’une messe célébrée par le cardinal de Noailles.

Les volontés de Riparfons sont respectées : comme l’attestent plusieurs guides imprimés à l’usage des visiteurs de la capitale, dont celui de Germain Brice (reproduction), la bibliothèque est ouverte au public qui peut y consulter des ouvrages de religion, d’histoire, de géographie, de sciences et de littérature ; cependant, elle est avant tout riche en livres de droit. En 1787, les avocats font paraître un catalogue imprimé des livres de leur bibliothèque, dans lequel ils présentent leur établissement avec beaucoup de fierté :

« La Bibliothèque, connue sous le nom de Bibliothèque des Avocats, est très considérable : elle est composée d’environ vingt-quatre mille volumes [le chiffre de 10 000 titres paraît plus proche de la réalité] ; elle rassemble singulièrement tout ce qu’on peut désirer pour l’étude & la connoissance de toutes les Loix du royaume, de celles des pays étrangers, et de la Jurisprudence des Cours souveraines, sur toutes sortes de matières. On y trouve aussi des livres d’Histoire, de Sciences et Arts, et de Morale, mais non en aussi grand nombre que ceux de Droit & de Jurisprudence. Tout homme qui se destine au Barreau et qui veut s’instruire du Droit public, civil, ecclésiastique, criminel et coutumier, y trouvera tout ce qui peut former un Jurisconsulte consommé. […]

Depuis la fondation de cette bibliothèque, tous les Jurisconsultes qui ont composé des livres de Droit et de jurisprudence, sesont fait un devoir d’en remettre un exemplaire à la Bibliothèque ; ce qui l’augmente encore journellement. Enfin le Parlement de Paris a contribué lui-même à l’augmentation et à l’entretien d’un établissement aussi utile. Par arrêt du 31 août 1712, cette Cour a appliqué à la Bibliothèque le cinquième des droits de chapelle qui sont payés par tous Magistrats, Avocats, Procureurs et autres Officiers, lors de leur réception en cette Cour. […] Il a été fait des réglemens pour l’usage de cette Bibliothèque, qui, depuis son établissement, ont été exactement observés. Elle est ouverte au public tous les mardis et vendredis de relevée ».

En 1790, la profession d’avocat est supprimée par un décret de l’Assemblée nationale du 2 septembre (reproduction). La bibliothèque subsistera matériellement une année : le 1er septembre 1791, un officier municipal de Paris, commissaire à l’administration des biens nationaux, vient procéder à la saisie des ouvrages. Ils sont par la suite dispersés entre plusieurs bibliothèques publiques, notamment celle de la Cour de cassation. Certains ouvrages conservés à la bibliothèque de la Haute juridiction présentent encore aujourd’hui une étiquette mentionnant leur provenance d’origine (reproduction).

Privés de leur organisation collective et de leur bien commun, les avocats ne demeurent pas moins fidèles pour beaucoup d’entre eux au souvenir de l’ancien établissement. Vingt ans plus tard, la bibliothèque du barreau renaîtra à la faveur d’un autre legs consenti à ses confrères par un ancien avocat au Parlement de Paris, Nicolas Férey.

 
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