Dès son inauguration en 1908, la salle des conférences s’impose comme l’un des hauts lieux de la vie du barreau. Pendant des décennies, les avocats y ont tenu leur séance solennelle de rentrée (comme ici en 1936), avant que cette cérémonie n’acquière une dimension internationale dont l’importance exigeait un cadre plus spacieux. C’est également dans cette salle qu’a été élevé le monument à la mémoire des avocats morts pour la France durant les deux guerres mondiales. Aujourd’hui comme hier, des cérémonies rendent hommage aux centaines de membres du barreau tragiquement disparus de 1914 à 1918 et de 1939 à 1945. La salle haute apparaît ainsi à la fois comme un espace privilégié de rassemblement professionnel et un lieu de mémoire. Les avocats sont ici véritablement chez eux, de génération en génération. Il n’est pas indifférent de rappeler qu’en 1944, ils ont célébré en cet endroit le centenaire de la famille Boucher, dont trois membres, Nicolas, Albert et Charles, ont été bibliothécaires du barreau de père en fils, de 1843 à 1957. La médaille reproduite ici a été frappée en cette circonstance.
Depuis maintenant un siècle, la salle des conférences abrite les séances du concours d’éloquence des jeunes avocats. La photographie reproduite en bas à gauche, antérieure à 1984, a été prise lors d’une séance du concours. On peut y voir du côté droit les deux pupitres réservés aux orateurs : conformément au principe du débat contradictoire, les discours des candidats prennent la forme d’une réponse affirmative ou négative à une question posée par les douze lauréats du concours de l’année passée, les « secrétaires de la conférence ». Ces derniers siègent ici à gauche, derrière la grande table qui leur est dévolue. Il leur appartient de désigner, à l’issue du concours annuel, leurs douze successeurs. L’un des secrétaires, debout, prononce un rapport sur la question du jour, écouté par le public, qui est composé presque exclusivement de jeunes avocats en robe. De nos jours, seuls les candidats et les secrétaires de la conférence portent le costume professionnel lors des séances du concours, toujours largement suivies.
Le cadre est identique sur la photographie voisine (en bas, au centre), mais la manifestation est d’un caractère tout différent : il s’agit là d’une soirée « aux chandelles », organisée en 1983 par le « Palais littéraire et musical ». Cette association rassemble, depuis maintenant près d’un siècle, avocats, magistrats et amis du Palais lors de soirées mensuelles où la musique et la littérature font souvent cause commune. Une fois par an est décerné le prix du « Palais littéraire et musical », qui couronne une ou plusieurs œuvres récentes célébrant la vieille complicité qui unit le monde judiciaire et l’univers culturel.
La dernière photographie (en bas, à droite) a saisi sur le vif, en 1967, une séance de l’Institut de formation du barreau de Paris, créé l’année précédente à l’initiative du bâtonnier Albert Brunois pour parfaire la formation des jeunes avocats, notamment en droit des affaires, vie des entreprises et droit international. Un tel enseignement paraît aller de soi aujourd’hui, mais il témoignait alors d’une volonté novatrice. La formation professionnelle a connu par la suite un tel développement qu’elle a dû quitter la bibliothèque pour de véritables établissements à l’extérieur du Palais. Elle reprend néanmoins aujourd’hui le chemin de la bibliothèque pour de multiples colloques, notamment au titre de la formation continue obligatoire.
La salle des conférences a connu, comme la salle de lecture, une rénovation en 1984 et 1985 : une moquette recouvre aujourd’hui le plancher et d’élégants lustres ont remplacé l’éclairage d’antan. Elle a ainsi gagné en confort et en beauté, sans renoncer en rien à sa vocation tout à la fois studieuse, festive et familiale.
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