Aide
 
 
Recherche avancée
 
       
 

Enluminures

Un livre d'Heures du XVème siècle

Ce livre d’Heures a vraisemblablement été réalisé dans la région de Rouen dans la seconde moitié du XVème siècle. Il comporte un effet un calendrier mentionnant des fêtes de saints célébrés dans cette région. Selon l’usage alors en vigueur, il comprend les textes à prononcer aux différentes heures canoniales de la journée (matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres, complies) ; à ces prières s’ajoutent les sept psaumes de la pénitence, les litanies des saints, les prières de l’office des morts, des extraits des quatre évangiles, des prières à la Vierge, la passion du Christ selon Saint Jean, les invocations (ou suffrages) adressées à tel ou tel saint et à nouveau plusieurs prières à la Vierge.

Six grandes miniatures ornent l’ouvrage : l’Annonciation figure en tête des matines. Elle est accompagnée de trois petites scènes de la vie de la Vierge : la présentation au temple, la Vierge tissant le voile du temple, le mariage de la Vierge. La crucifixion est placée au début des heures de la croix, avec dans la marge inférieure la flagellation du Christ. La fuite en Égypte précède le texte des vêpres ; en bas, un soldat d’Hérode demande à un paysan moissonnant son blé s’il a aperçu les fugitifs. Le paysan répond qu’il les a vus lors de la semence, sans préciser que le blé a poussé à l’instant par miracle ; le soldat, croyant la Sainte Famille hors d’atteinte, renonce à la poursuite (épisode légendaire absent des évangiles).

La quatrième miniature introduit les sept psaumes de la pénitence : le roi David est en prières devant Dieu avec, dans la marge inférieure, le combat contre Goliath. À droite, une scène a été effacée : elle représentait vraisemblablement Bethsabée au bain. Une main pudique a cru devoir supprimer ce rappel du péché de David, qui prit Bethsabée pour maîtresse et provoqua la mort de son mari Urie, suscitant ainsi la colère du Seigneur. Les prières pour l’office des morts sont illustrées par une messe d’obsèques, avec dans les marges la Mort tuant un homme et une scène d’inhumation. La sixième et dernière miniature, au début d’une prière à la Vierge, représente Marie et l’Enfant Jésus avec un ange et une femme à genoux. Cette dernière pourrait incarner la propriétaire du livre : l’usage était alors répandu chez les laïcs de se faire représenter en prières devant la Vierge dans l’ouvrage qu’ils commandaient à un atelier d’enluminures.

Le décor des marges, composé de fleurs, d’oiseaux, de rinceaux et de fraises, mais aussi de figures grotesques, était alors d’un usage courant. L’ensemble, sans être d’une qualité exceptionnelle, mais de facture soignée, constitue un témoignage attachant de la piété populaire à la fin du Moyen Âge.

Quelques enluminures du Moyen Age au siècle de Louis XIV

« Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum » : Bienheureux l’homme qui ne suit pas le conseil des impies… Il s’agit là du début du premier psaume de la Bible (« Liber Ymnorum »), avec le B majuscule de « Beatus » admirablement enluminé en bleu. La bibliothèque conserve quelques feuillets comparables comprenant une partie du livre de Job et le début du livre des Psaumes. Ce fragment d’écriture sainte pourrait remonter au XIIIème siècle. Il est assurément le doyen des manuscrits de la Bibliothèque et les initiales ornées qui le décorent sont d’une remarquable fraîcheur de coloris.

Les deux miniatures suivantes sont extraites d’un livre d’Heures à l’usage de la Vierge selon l’usage romain, imprimé à Paris par Germain Hardouyn vers 1520. Dès la fin du XVe siècle et dans la première moitié du XVIe siècle, les livres d’Heures imprimés concurrencent les versions manuscrites, avec une riche iconographie mêlant les miniatures peintes et les gravures sur bois. Notre exemplaire comprend trente-deux miniatures qui représentent des scènes de la Bible et des figures de saints.

Cette iconographie religieuse est précédée d’une composition profane (reproduite ici), qui mêle les considérations astrologiques et médicales : au centre, un squelette est entouré de phylactères sur lesquels on peut lire des inscriptions, affirmant l’influence prétendue des planètes sur certaines parties du corps : « Sol regarde l’estomac ; Venus le ro(gnon) ; Jupiter le foye ; Luna regarde le chief ; Saturne (le) poumon ; Mercure le ro(gnon) ; Mars regarde le foye ». Sous le squelette est représenté un fou incarnant le cerveau humain, sujet aux influences de la lune, qu’il pointe du doigt.

De part et d’autre du squelette sont présentés les quatre tempéraments de l’homme (colérique, sanguin, flegmatique, mélancolique), représentés par quatre personnages : le colérique (en haut, à gauche), accompagné d’un lion, est un soldat qui se passe une épée au travers du corps ; le flegmatique (en bas, à gauche) est accompagné d’un agneau ; le sanguin (en haut, à droite) est figuré avec un singe à ses pieds ; le mélancolique (en bas à droite) est en compagnie d’un pourceau. Chacun des tempéraments est décrit par un texte qui peut se lire ainsi :

À mi-hauteur, à gauche :
« Le colérique tient du feu et du lion il a perilleux vin mauvaise complexion.
De l’eaue et de l’aignel tient le fleumatique et est simple et doulx tendant a pratique. »
À mi-hauteur, à droite :
« Du singe et de l’aer tient le sanguin qui est franc et plaisant et a joyeulx vin.
Le melencolique tient du pourceau et de terre est pesant et ort donneur ne luy chaut guère. »

D’autres textes établissent des relations entre les tempéraments, les quatre éléments (feu, air, terre, eau) et les douze signes du Zodiaque. Ils peuvent se lire ainsi :

En haut, au centre :
« Quant la lune est en aries (bélier)  leo (lion) et sagitarius il faict bon saigner au colérique. Feu. »
« Quant la lune est en gemini (gémeaux) libra (balance) et aquarius (verseau) il faict bon saigner au sanguin. Aer. »
En bas, à gauche :
« Quant la lune est en taurus virgo et capricornus il faict bon saigner au fleumatique. Terre. »
En bas, à droite :
« Quant la lune est en cancer scorpio et pisces (poissons) il faict bon saigner au melencolique. Eau. »

 

 

La planche des quatre tempéraments se rencontre alors fréquemment dans les livres d’Heures imprimés. Elle précède ici un calendrier pour les années 1520 à 1532, les textes des heures canoniales et d’autres prières. En tête des sept psaumes de la pénitence figurent deux scènes de l’histoire du roi David, telle que la rapporte la Bible dans le deuxième Livre de Samuel : le souverain aperçoit Bethsabée au bain (scène de droite), la choisit pour maîtresse et veille à ce que son époux, le soldat Urie, soit tué à la guerre. Le prophète Nathan fait prendre conscience à David de son péché (scène de gauche) et lui annonce que la colère de Yahvé tombera sur l’enfant à naître de sa relation coupable avec Bethsabée. L’enfant adultérin de David et Bethsabée meurt après sept jours de maladie. Mais bientôt naîtra leur fils Salomon, aimé de Yahvé, qui succèdera à son père.

 

 

 

Les deux dernières miniatures présentées ici appartiennent à un tout autre univers, celui de l’art calligraphique au temps de Louis XIV. Ce chef-d’œuvre d’enluminure et de calligraphie porte la signature de Damoiselet, professeur d’écriture du grand Dauphin (1661-1711) fils de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche. Il était très vraisemblablement destiné à son royal élève, à en juger par les armoiries qui ornent la première page de ce petit recueil : la couronne et les armes du Dauphin sont entourées des colliers des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. Un décor floral et végétal précède les verbes latins (en or) et leurs équivalents français (en azur).

 
Un conseil de confiance dans un monde de droit
Suppport Plan du Site Mentions Légales
© 2006 - L'Ordre des Avocats de Paris