Comment les avocats perçoivent la Profession et son évolution à Paris
L'évolution de la profession d'avocat à Paris au cours des dernières années, est qualifiée par une courte majorité de "globalement négative": 48 % (et parmi eux 57 % des avocats exerçant en individuel) ont le sentiment que la profession a évolué plutôt en mal, 35 % plutôt en bien. Principaux responsables : le mouvement de concentration des cabinets et l'augmentation du nombre d'avocats.
En revanche, d'autres changements sont perçus comme allant plutôt dans le bon sens : l'introduction des nouvelles technologies (94 % estiment qu'elle représente une évolution positive), l'arrivée des femmes dans la profession (90 %), ainsi que la fusion avec les conseils juridiques (61 %).
A ce constat d'une évolution globale de la profession s'ajoute celui de l'évolution des valeurs de la profession : 53 % estiment que "les avocats sont très diversifiés et ne partagent pas ou plus les mêmes valeurs" contre 46% qui estiment que "les avocats sont très diversifiés et continuent à partager des valeurs communes".
Bien que les avocats aient le sentiment d'une diversification croissante de leur profession, leurs réponses notamment sur le chapitre des valeurs témoignent au contraire d'une vrai consensus, comme en témoignent les résultats sur les valeurs fondamentales qui devraient être celles de la profession :
Les valeurs fondamentales de la profession
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De la même façon, et invités cette fois à nommer les qualités qui devraient être l'apanage de l'avocat d'aujourd'hui, les interviewés citent d'abord la compétence (66 %), puis la probité (39 %) et la réactivité (32 %). Ces qualités, souvent puisées dans l'univers de l'entreprise, renvoient à la volonté partagée de professionnaliser le métier. Les collaborateurs et les associés ajoutent plus fortement que la moyenne a ce trio de tête, "la capacité à travailler en équipe ou à manager une équipe".
Comment chaque avocat apprécie sa propre situation professionnelle
L'appréciation est globalement positive :
- • 90 % des avocats interrogés se disent fiers d'appartenir à la Profession, dont 55 % sont très fiers d'une telle appartenance.
• 80 % des avocats interrogés se déclarent satisfaits de leur situation professionnelle.
Ce jugement varie de manière significative en fonction du statut des avocats (72 % chez les individuels, 75 % chez les collaborateurs, 94 % chez les associés).
Par ailleurs, ce jugement est émis sans grande fermeté : parmi les 80 % qui se déclarent satisfaits, seuls 17 % se disent très satisfaits.
Les principales composantes de la satisfaction sont : l'intérêt du métier (97 % de satisfaction), la relation avec les clients (95 %), l'ambiance dans le cabinet (87 %), l'autonomie, l'indépendance dans l'exercice du métier (84 %), la relation avec les confrères (81 %) et la reconnaissance du travail (75 %).
En revanche, d'autres dimensions renvoient à des jugements plus nuancés et moins consensuels. Il s'agit notamment :
• de la charge de travail (66 % de satisfaction, pourcentage qui s'établit a 72 % chez les individuels, a 64 % chez les
collaborateurs et associés),
• des revenus (64 % pour l'ensemble, 47 % chez les individuels, 62 % chez les collaborateurs, 80 % chez les associés),
• de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle (57 % au global, avec 69 % pour les individuels, 48 % pour les
collaborateurs et 58 % pour les associés).
Enfin, la passion du métier s'accompagne d'une quête d'une plus grande harmonie entre vie privée et vie professionnelle, les avocats sont aussi à la recherche de nouvelles formes de travail, et n'affichent aucune frilosité, ni pour la co-traitance, ni pour le travail en réseau : plus de 60 % déclarent ainsi aimer travailler en réseau soit avec d'autres avocats, soit avec d'autres professions.
Une vision de l'avenir partagée
Les avocats du Barreau de Paris sont unanimes pour dire que la Profession est entrée dans l'ère de la concurrence : c'est avec la dérégulation de la profession, la principale menace qui pèse sur le métier. Les premiers visés : les experts comptables (67 %), mais aussi les professions du conseil (43 %) et les notaires (34 %).
Face à cela, des opportunités sont a saisir : le développement de l'activité de conseil, la judiciarisation de la société et les nouvelles activités du type coaching, arbitrage, médiation et lobbying. Les avocats sont en attente de la définition à la fois de finalités et d'une stratégie commune qui selon eux, doit s'organiser autour des idées suivantes :
• la définition de la finalité du métier organisée autour du "service client" : 98 % des avocats interrogés sont d'accord
pour dire que "la mission de l'avocat est d'apporter une solution juridique aux clients qu'il représente, que cette solution
consiste en du contentieux, en du conseil ou de la médiation" ;
• la promotion de l'unité de la Profession dans le respect de sa diversité : s'ils estiment probable qu'a l'avenir la Profession
se concentre et soit dominée par quelques gros cabinets, ils ne le souhaitent pas. Bien au contraire, 73% des avocats
interrogés déclarent vouloir qu'à l'avenir "la Profession conserve sa diversité actuelle, en permettant aux cabinets de
mieux se structurer et se développer".
L'évolution probable/souhaitée de la profession
La profession se scinde par type de spécialité, chacune pouvant passer des alliances avec d'autres professions |
30% |
24% |
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- Le décalage entre le "probable" (expression de bon nombre d'inquiétudes) et le "souhaitable", apparaît comme ce qu'il conviendrait de réduire à l'avenir. Pour ce faire, les espoirs se tournent vers l'Ordre des Avocats de Paris, qui bénéficie de 54 % de bonnes opinions, mais qui en même temps cristallise des attentes fortes : assurer de manière impartiale la représentation de la Profession et être une force de proposition pour celle-ci. Contribuer à donner du sens à l'avenir, la mission attendue de l'Ordre.