Après l’incendie de 1871, la question d’un nouveau local a tôt fait de se poser. À partir de 1879, la bibliothèque emménage dans ce qui ne constitue de nos jours qu’une bien modeste partie de ses locaux : la galerie du rez-de-chaussée et les petites salles qui se trouvent à son extrémité sur la gauche. En 1890, le Bâtonnier en exercice, Ernest Cresson (photo ci-contre), met à profit sa qualité d’ancien préfet de police (fonctions qu’il avait exercées pendant le siège de Paris en 1870-1871) : il obtient de la Préfecture qu’elle libère un grand local attenant à la galerie de la bibliothèque et fait procéder à son aménagement en salle de lecture ; c’est, encore aujourd’hui, le principal espace de travail dont bénéficient les avocats.
En 1908, sous le bâtonnat de Raoul Rousset, la bibliothèque se dote d’un niveau supérieur et double ainsi sa surface. Lorsqu’il inaugure la grande salle des conférences, qui accueille depuis lors le concours d’éloquence des jeunes avocats, le Bâtonnier Rousset se réjouit de l’excellent instrument de travail que constitue la bibliothèque : « Celle que nous mettons à votre disposition me paraît assez riche, avec ses 60 000 volumes méthodiquement classés et faciles à consulter, pour satisfaire votre curiosité. Venez-y souvent, mes jeunes confrères, pour acquérir ces clartés de toutes choses que vous devez avoir et surtout pour acquérir la science du Droit ».
Certains avocats ont pris la plume pour évoquer leur bibliothèque. Dans ses souvenirs des années 1908-1938, Pierre-Charles Prud’hon évoque cette « curieuse ruche […] dont la porte est défendue par un appariteur qui, à l’aide d’un porte-voix, lance dans toutes les salles de travail à la fois, sur un ton monotone, le nom de celui qu’on attend : “On demande Maître Un tel” ». En 1976, René Escaich décrit à son tour le lieu et constate que « dès le début de l’après-midi, toutes les places [sont] occupées par de nombreux membres du barreau ». Il explique cette affluence par l’augmentation du nombre des avocats et la nécessité où ils se trouvent de multiplier les recherches documentaires, du fait de la complexité croissante du droit. Le libre accès à la documentation, sans formalité ni contrainte, est particulièrement apprécié de l’intéressé : « sans remplir aucune fiche, les lecteurs vont chercher eux-mêmes les ouvrages dont ils ont besoin, qu’ils trouvent très facilement grâce à un classement judicieux».
La salle de lecture et la salle des conférences constituent les deux grands pôles de ce foyer de la vie professionnelle. Leurs images respectives donnent accès à une présentation plus détaillée de leur existence de naguère.
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