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La première bibliothèque des avocats
 

En 1776, Gabriel de Saint-Aubin a représenté, dans une gravure au style très personnel (ci-contre), une conférence d’avocats dans leur bibliothèque : à l’extrémité d’une grande table, un orateur lit un discours qu’écoutent ses confrères. Au-dessus d’eux, l’artiste a figuré un groupe allégorique que domine la Justice, avec son glaive et sa balance. Plus bas, la Vérité, à gauche, montre à l’Éloquence, à droite, le livre de « L’Esprit des lois » et lui tend son miroir ; elle renverse deux urnes d’où s’échappent - à en croire les connaisseurs de Saint-Aubin - des flots de parole où l’on distingue un petit chat, synonyme d’astuce, et un petit génie, symbole de la liberté : non content de nous donner un aperçu de la première bibliothèque des avocats, Saint-Aubin nous offre une version un rien irrévérencieuse de l’art oratoire.

Cette bibliothèque était située dans des bâtiments de l’archevêché aujourd’hui disparus, à proximité de la cathédrale Notre-Dame. Elle avait été ouverte en 1708 grâce au testament d’un avocat au Parlement de Paris, Étienne Gabriau de Riparfons, qui avait légué à ses confrères ses ouvrages et une somme d’argent pour permettre l’aménagement et l’entretien d’une bibliothèque ouverte aux avocats et plus généralement au public. Conformément à la volonté du testateur, des réunions professionnelles s’y déroulaient régulièrement sous le nom de « conférences » de discipline, de doctrine et de charité. Elles sont  à bien des égards les ancêtres respectifs des actuelles séances du Conseil de l’Ordre, des colloques ou journées d’études et enfin des consultations gratuites.

Naturellement indissociable des avocats, la bibliothèque n’a pas survécu longtemps à la suppression de la profession : en 1791, ses ouvrages sont saisis et dispersés. Ses anciens maîtres et utilisateurs n’oublieront pas pour autant l’utilité d’un tel établissement pour leur existence professionnelle : la bibliothèque renaîtra au début du XIXe siècle en même temps que l’Ordre des avocats, à la suite du legs d’un ancien avocat du Parlement, pour devenir aussitôt, à l’imitation de son aînée, l’un des lieux privilégiés où se forge et s’affirme l’identité collective du barreau.

Le portrait de Jean Gabriau, père d’Étienne, vous invite à faire connaissance avec le fondateur de la bibliothèque, à travers notamment le contenu de ses dernières volontés. Vous pouvez également choisir de vous rendre dans les bâtiments de l’archevêché, où vous découvrirez plus en détail l’existence de l’établissement, depuis son inauguration en 1708 jusqu’à sa suppression en 1791. L’assemblée d’avocats qui vous attend à droite vous présentera les différentes conférences  accueillies dans l’ancienne bibliothèque et qui ressemblent comme des sœurs aux réunions professionnelles d’aujourd’hui.

 
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