La création de l’Union des jeunes avocats de Paris (U.J.A.) survient peu après l’admission au barreau de Paris de Gaston Monnerville. L’U.J.A. est d’abord mal accueillie par ses aînés et notamment par les dirigeants de l’Ordre, tentés d’y voir une atteinte à leurs prérogatives et un danger pour la sauvegarde des valeurs traditionnelles de la profession.
Sensible comme bien des membres de sa génération aux difficultés matérielles que doivent affronter les jeunes avocats à leur entrée dans la carrière, Monnerville adhère bientôt à l’U.J.A. et s’y fait remarquer par son activité au sein de la commission d’études, dont il devient président en novembre 1926 ; un an plus tard, il est élu à la tête de l’association, le cinquième après Python, Tercinet, Martinaud-Déplat et Delavente. Ce dernier fait de lui un beau portrait, qui témoigne de l’estime dont le barreau l’entoure déjà.
Alors que l’U.J.A. et la Conférence du stage apparaissaient aux yeux de beaucoup comme rivales pour ne pas dire opposées, Monnerville prouve qu’il est possible d’appartenir à ces deux « confréries ». Lors du banquet annuel de l’U.J.A., il prononce, en présence de prestigieux aînés, un discours d’anthologie qui, tout en ménageant les « Anciens », revendique pour les jeunes le droit de prendre la place qui leur revient. Ses propos ont le don de séduire aussi bien le Bâtonnier de Paris, Georges Guillaumin, que le président de l’Association nationale des avocats, Jean Appleton. Celui-ci, bien connu pour ses idées novatrices, ne cessera de travailler, de concert avec l’U.J.A., à une modernisation de la profession.
L’une de leurs revendications communes, le renforcement de la formation initiale au moyen d’un préstage, aboutira à la création du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (C.A.P.A .). Monnerville n’oubliera jamais l’U.J.A. et travaillera à nouveau avec elle lors de sa présidence de l’association des secrétaires de la conférence (1964-1965), toujours dans le souci de favoriser les débuts des nouveaux venus au barreau.
|